Teheran, 04-07-07
Bon, je vous préviens, ce message sera essentiellement tourné vers nos « petits ennuis » mécaniques. Pas de description de ces merveilles architecturales de Samarkand ou de Boukhara, pas de paysages somptueux, pas de marché coloré et parfumé, pas de rencontre insolites,….Notre quotidien, depuis le 2 juin n’est fait que de rebondissements en rebondissements, tous liés à des pb mécaniques sur Obelix.
Donc pour ceux que ce genre de récit (un peu long, en plus) ennuierait, mieux vaut ne pas aller plus loin. Pour moi, par contre, c’est thérapeutique.
A Os, toujours au Kirghizistan, nous faisons la rencontre de Dina, ex du CBT (sorte d’office du tourisme local) qui se met en quatre pour nous trouver un bon garagiste. Les Bodineau doivent changer 3 lames cassées sur leur Mercedes. Quant à Obelix, l’équilibrage des roues avant doit être à nouveau revu. Malheureusement, le garagiste s’averra incompétent et le déséquilibre sera pire qu’avant.
Peut être est-ce nos soucis mécaniques qui nous font moyennement apprécier cette ville, ou bien cette concentration tout de même étonnante d’Audi, Mercedes, BMW et autres voitures de luxe dans un pays si pauvres, ou encore ces multiples barrages de flics qu’on s’empresse de brûler (14 barrages brûlés au total au Kirghizistan qui représentent tout de même à chaque fois un moment de stress non négligeable), bref, nous avons envie de traverser rapidement la frontière pour passer à autre chose.
Malheureusement, le matin du départ, je dois réparer une nième fuite sur le radiateur (attention, si vous commencez à en avoir assez des incidents mécaniques, il va en avoir une longue série dans ce message…) Mais surtout, un nouveau « clac » inquiétant se fait entendre à l’occasion de chaque démarrage dans la chaîne de transmission. Décidemment, Obelix va mal. Mais étant donné notre manque de confiance sur la compétence des garagistes Kirghiz, nous décidons de filer au plus vite vers Tachkent, en Ouzbékistan.
La traversée de la frontière se fait sans problème. Nous roulons à peine qq km dans la Fergana Vallée (qui a été le théâtre, il y a qq années d’un soulèvement politico-religieux sévèrement réprimé par le pouvoir) pour ressentir très rapidement un changement radical par rapport au Kirghizistan : les gens sourient, nous saluent d’un grand signe de la main !! Malgré le brassage des populations entre ces 2 pays (la région de Osh au Kirghizistan est même majoritairement peuplée d’Ouzbek), nous sommes très impressionnés par cette différence flagrante de comportement. La Fergana vallée a la réputation d’être très accueillante mais tout de même…
Le soir, à la recherche d’un bivouac, nous rencontrons Mokhtar qui nous accueille chaleureusement sur son terrain vierge. Nous sommes installés en léger surplomb par rapport à la vallée et la vue au couchée de soleil est superbe. Mokhart reviendra nous voir à 2 reprises dans la soirée. Une 1ere fois pour nous amener un énorme panier de cerises et d’abricots. Une 2eme fois vers 11h, alors que nous étions en train de siroter un petit thé au clair de lune, pour nous prévenir de ne pas coucher dehors. Le coin est en effet infesté de cobras et de scorpions….C’est marrant, tout le monde, ce soir-là, a vachement apprécié son lit !!
Le lendemain matin, nous quittons les Bodineau qui vont visiter le marché de Margilon, dans le sud. Pour nous, l’heure n’est plus au tourisme. La transmission claque de plus en plus. Je n’ai pas réussi à localiser précisément le bruit : boite de transfert, différentiel, cardans de transmission,… ?
Sur la route, notre moyenne est sensiblement ralentie par les nombreux check points de la police. Mais à la différence du Kirghizistan, plus question de brûler ces barrages constitués ici de plots en béton. Par contre, fini le racket systématique. Lorsque les policiers voient notre plaque d’immatriculation, un grand sourire illumine leur visage….
A mi journée, nous attaquons l’ascension du col Kamcit, 2267m d’altitude, un goulot d’étranglement coincé entre le Tadjikistan et le Kirghizistan et qui relie la Fergana Vallée au reste du pays. A 18 km du col, Obelix n’en peut plus. La transmission claque trop. Nous allons tout casser si nous continuons.
Nous sommes à 200km de Tachkent. Le moral est…très très bas. Notre 1ere difficulté est de trouver un engin qui puisse amener Obelix jusqu’à Tachkent. Nous décidons donc de revenir en arrière, en roue libre, jusqu’au dernier check point pour avoir l’aide des policiers. Nous y rencontrons XXXX, un jeune policier extrêmement gentil et serviable. Ne connaissant que qq mots d’anglais, il appelle à plusieurs reprises au téléphone sa fiancée pour les problèmes de traduction. Il faut le souligner, dans tous les malheurs qui vont suivrent, nous allons rencontrer des gens merveilleux qui vont se mettre en 4 pour nous aider. C’est aussi cela, le voyage….
XXX, un chauffeur de poids lourds me propose de me tracter mais il ne dispose pas de barre de traction. Je décide néanmoins de partir seul avec lui pour tenter ma chance à Angreen, la première ville située à 80 km. Dans le camion, j’avoue que le moral ne va pas fort. Des milliers de questions m’assomment la tête : comment vais-je trouver une remorqueuse pour la taille d’Obelix ? Vais-je trouver un véhicule pour revenir dans la nuit au camion ? Dois je prévenir Santiago et Marianne (des voyageurs actuellement à Tachkent) pour qu’ils viennent chercher Claire et les enfants ?......
Angreen est une ville minière sinistrée (le cratère à ciel ouvert de la mine de charbon est vraiment très impressionnant) Tout est glauque, sale, cassé, abandonné. Les barres d’HLM se succèdent les unes après les autres. Une bonne partie des fenêtres est cassée ou obturée avec des plastiques. Les dalles de béton des balcons sont éventrées ou pendent contre la façade, retenues par qq ferraillages. Les espaces verts sont tous à l’état d’abandon. Les routes sont défoncées. Comme au Kirghizistan, d’horribles canalisations rouillées, suspendues à 4/5m de hauteur défigurent encore un peu plus la ville pour amener le gaz naturel dans chaque immeuble. Un grand nbr de bâtiments publics sont à l’abandon complet… On se demande comment psychologiquement, l’Homme peut tenir le coup dans un environnement pareil. C’est là qu’on mesure la chance que nous avons de pouvoir vivre dans un si beau pays qu’est la France !!
A Angreen, après qq contacts infructueux, XXXX qui ne m’a pas abandonné, tombe sur Tora, et son « engin » qui a du sortir des chaînes de montage Kamaz dans les années 50 ou 60 au plus tard. Je ne suis convaincu ni par le bonhomme, ni par l’engin (qui est tout de même sensé me tirer jusqu’au col) mais je ne vais pas commencer à faire la fine bouche. Il se fait tard et Claire doit commencer à s’inquiéter. Pour me rassurer encore un peu plus, XXX au moment de me quitter, me recommande fortement de ne pas montrer mon argent et me donne son No de tel au cas où…..
Alors que Tora nous avait affirmé disposer d’une barre de traction, c’est seulement après avoir conclu sur le prix qu’il se met en quête de cet équipement indispensable. Encore une heure perdue à naviguer à travers cette horrible ville…
22h30 : je retrouve enfin Claire et les enfants. XXX a pris soin d’eux toute l’après midi et les a même invité à dîner. Il y a également YYYYY, un ami de Tora qui passait par là et que Tora a prévenu par téléphone. A peine arrivés, nous reprenons la route pour tracter Obelix dans un 1er temps jusqu’à Angreen. Les enfants dorment à l’arrière. La montée vers le col se passe bien. Mais dans la descente, vers 1h du matin, alors que nous ne sommes qu’à 2 ou 3 km de Angreen, nouvelle avarie : le berceau qui soutient le moteur, lâche et le moteur s’affaisse. En fait, c’est la soudure que j’avais déjà réalisée en Turquie qui a lâché. Bizarrement, le coup n’est pas si dur à supporter. La coupe est déjà tellement pleine, une goutte de plus ou de moins….Et puis, le berceau, je vois comment le réparer…
A vitesse extrêmement réduite, YYYY nous emmène devant chez lui pour la nuit. A 2h du matin, au moment de nous coucher, il me propose un « thé » entre hommes chez lui…Je sais que ce genre d’invitation risque fort de se terminer autour d’une bouteille de Vodka. Malgré l’état d’épuisement total dans lequel je me trouve, j’accepte, peut être pour oublier…Et cette nuit, moi qui ais toujours détesté la Vodka…..j’ai particulièrement bien aimé leurs cul secs accompagnés de crudités tomates/concombres !!
Le lendemain matin, pas vraiment frais, la tête dans les talons, mes nouveaux anges gardiens et moi parcourons Angreen (encore plus déprimante lorsque vous avez un peu abusé sur la Vodka la veille) à la recherche d’un soudeur. Le pauvre berceau est vraiment dans un sale état. Une vraie opération à cœur ouvert…
14h : tout le monde en voiture pour le 2eme tronçon de 110 km entre Angreen et Tachkent. Heureusement, la route est bonne et les qq pointes de vitesse à 60/70km, le nez collé derrière le camion de Tora, nous permettent d’arriver avant 18h à Tachkent. Les camions étant interdits à l’intérieur du centre ville, c’est seul et sans filet que nous traversons Tachkent. Chaque démarrage aux feux rouges, chaque légère petite cote est une torture pour Obelix. Enfin, nous arrivons soulagé dans un parc public, lieu de RDV convenu avec les Bodineau. Maintenant, il va falloir réparer Obelix.
Ma bonne étoile étant toujours avec moi, le soir même de notre arrivée, je réceptionne en copie un mail de Georges d’Islamabad adressée à Larissa, une amie Ouzbek travaillant à l’ambassade de France à Tachkent. Georges nous avait prévenu : Larissa sera la clé de voûte de tous vos contacts en Ouzbékistan. Et quelle clé !!
Grâce à elle, je suis mis en contact dés le lendemain matin avec Victor, un garagiste russe qui malheureusement ne parle pas un mot d’anglais mais qui est aussi fort que moi au jeu des marionnettes. Il faudra tout de même qq appels téléphoniques à Larissa pour décoincer des pb de traduction. Le courant passe bien entre nous deux.
Le garage étant situé à l’extérieur de la ville, dans un ancien centre désaffecté de réparation pour poids lourds, Victor propose dans un 1er temps de déposer toute la marmaille chez lui. Vous en connaissez beaucoup de garagistes en France qui vous font la prestation « entretainments » en même temps que la réparation du véhicule !!
Dans l’après midi, Obelix passe sur le billard. Un 1er diagnostic identifie clairement la boite de transfert comme étant la source de nos pb. C’est la pire des options que j’avais cent fois retourner dans ma tête : Si c’est le différentiel ou la transmission arrière, on peut terminer le voyage en traction avant ; si c’est le boite de vitesse, on pourra bien trouver dans une casse une vieille boite Renault avec des pignons identiques….Par contre, si c’est la boite de transfert, elle est spécifique à PVI, le fabricant français qui a modifié le B90 en 4X4 et là, les pièces seront impossible à trouver à Tachkent (pour les non spécialistes dont je faisais encore partie il y a qq mois, la boite de transfert sert au passage entre les modes 2X4 et 4X4)
La boite est rapidement démontée. Malheureusement, rien d’évident ne nous saute aux yeux. Un pignon semble bien présenter qq points d’usure…Nous décidons d’en faire usiner un nouveau. Deux jours d’attente sont nécessaires.
J’en profite également (cela se révélera être une erreur qui nous coûtera cher en temps) pour refaire un berceau complet. Je n’ai plus très confiance dans « l’original » qui est tellement rafistolé de toute part.
En parallèle à la gestion des pb de mécanique, Larissa nous degotte également un appartement où nous pourrons loger pendant la période des travaux. Gros soulagement pour nous car les hôtels sont hors de prix ici. L’appartement, un petit 2 pièces (équivalent tout de même à 10 fois la surface d’Obelix !!) est situé juste à coté de la maison de Larissa.
Le mercredi, nous passons une partie de la journée au Centre Culturel Français où en fin d’après midi, nous retrouvons les Bodineau. Cela fait du bien de pouvoir partager sur tous nos questionnements. D’autant plus que je ne suis pas du tout convaincu par le diagnostic retenu sur la boite.
Jeudi, après un enregistrement de toute la famille à l’ambassade de France, histoire de nous faciliter un peu les choses si la police ou les douanes Ouzbek nous cherchent des noises, nous passons une bonne partie de l’après midi à l’ambassade du Turkménistan pour nos visas. Nos dernières démarches de visas de notre voyage !!! (nous avons déjà nos visas iraniens) Visiblement les lettres d’introduction obtenues à partir de l’ambassade du Turkménistan à Islamabad n’ont aucun effet. Il faut recommencer à zéro la démarche à Tachkent….05RE80872, établi le 23/11/2005, expirant le 22/11/2015 ; 04RE54165, établi le…….
Vendredi, les Bodineau partent pour Samarcande. Pour nous, l’attente devient difficile à supporter. D’abord parce qu’elle est plus longue que prévue (le nouveau berceau n’est toujours pas fini et sans lui, nous ne pouvons tester la boite) et puis surtout parce que les chances de réussite sur la boite me semblent tellement faible. Le moral est plus que moyen…. Heureusement, Claire tient bien le choc. Et puis, il y a Larissa qui, toujours adorable, nous invite régulièrement à prendre un thé le soir chez elle et essaie de nous remonter le moral tant bien que mal.
Samedi, toujours rien…J’arrive même à énerver Victor devant mon impatience.
Dimanche, sur les propositions de Santiago et Marianne, 2 voyageurs en combi WV qui font un petit break à Tachkent pour remplir un peu leur porte monnaie, nous assistons à un ballet à l’Opéra de Tachkent. Les enfants sont tout excités et Valentine restera les yeux écarquillés durant les 2 heures de spectacle devant ces danseuses en tutu….Un vrai compte de fée !!
Lundi, jour de vérité….Je retrouve Victor vers 11h qui visiblement a d’autres chats à fouetter que notre Obelix. Il reste encore une soudure à réaliser sur le berceau et c’est seulement vers 15h que nous terminons la pièce. Je boue d’impatience….Enfin, je peux démarrer le moteur. Je passe la marche arrière pour sortir Obelix de la fosse. Immédiatement, un nouveau claque se fait immédiatement entendre…J’enrage de colère. Une semaine de perdue pour rien. Il faut tout reprendre à zéro.
Je fais noter à Victor que depuis qq. semaines, je ne peux plus faire fonctionner le rapport de petite vitesse. Nous redemontons la partie réduction de la boite. On essaie un nouveau montage. Nouveau test, nouvel échec,….A chaque fois, il faut que je remotive Victor pour qu’il accepte de lâcher un autre chantier et vienne s’occuper du cas d’Obelix. Vers 22h30, complètement épuisé par cette journée faite de rebondissements, de temps d’attente,….nous trouvons une nouvelle idée : retirons toute la mécanique de la partie réduction et rendons solidaire les 2 arbres grâce à la confection d’une couronne qui viendra coiffer 2 pignons (attention, cela devient très technique !!) Au revoir temporairement le petit rapport de vitesse. De toutes les manières, vu le temps qu’il nous reste pour parcourir les 10 000 km jusqu’à Breugny, c’est de la grande vitesse dont nous avons besoin !! 23h : je retrouve enfin Claire et les enfants (endormis) dans notre petit appart : Obelix n’est pas réparé mais l’espoir est réel…..
Claire me raconte sa journée. Elle a emmené les enfants à l’école française et y a rencontré Didier Chartres, son sympathique directeur et sa femme, Claire Lyse. Accueil très sympa des écoliers et des enseignants. Nos enfants se fondent immédiatement dans leur classe respective. Mais surtout accueil extra des Chartres. C’est bien grâce à toutes ces rencontres que nous tenons le cap.
Mardi matin, grâce à Santiago qui m’explique comment fonctionne Scype (il était temps, nous arrivons presque au terme de notre voyage…) je passe 2 bonnes heures au téléphone avec le service assistance de PVI pour vérifier la faisabilité technique de notre nouvelle proposition de réparation. D’après eux, cela devrait marcher….
Claire et les enfants retournent à l’école toute la journée et le soir, nous dînons chez les Chartes. Le voyage est aussi fait de ces moments tellement bons…
Mercredi matin, je tente via Larissa un appel à Victor pour savoir où en est la confection de la couronne. Nouveau retard. La pièce ne sera prête que le soir vers 18h...A 18h, nouvel appel via Larissa : ce sera finalement pour demain matin. Cette attente et ces reports à répétition sont vraiment épuisants….
Jeudi, la pièce n’arrive finalement qu’à 13h. Alors que Victor m’avait prédit un remontage en moins d’une heure, celui-ci prend 3 bonnes heures. J’avais même commencé à organiser des activités dans Tachkent l’après midi avec Obelix…16h, le dernier écrou de la boite de transfert est serré, je mets le contact, le moteur démarre, j’enclenche la marche arrière et ….le même claque résonne à nouveau comme un grand coup sec !! J’enrage, je peste, mais surtout la question cruciale me vient immédiatement à l’esprit : quoi faire maintenant ? Quelle option technique avons-nous pour solutionner le pb.
Victor, piqué au vif, se concentre maintenant à 100% sur le cas d’Obelix. Une fois la boite à nouveau démontée, le diagnostic nous saute aux yeux : c’est la chaîne de transmission qui s’est distendue et qui saute autour des pignons. Pas question pour lui de faire venir une nouvelle chaîne de France. Trop cher et trop de délais. Sur une feuille de papier, il esquisse alors un système de tendeur. 100 000 km garantis !! Toutes les Lada en sont équipées….Alors va pour le tendeur !! J’aime bien aussi sa manière d’impliquer ses collaborateurs dans la réflexion pour trouver une solution.
Pour célébrer notre nouvelle option technique, Victor me propose de célébrer cela à la Vodka (le signe est une pichnette de l’index sur la gorge) Pas vraiment chaud le Duch pour la teuf (surtout que nous sommes invités à dîner ce soir chez les Chartres) mais je sens mon Victor tellement enthousiaste sur le coup du tendeur, que je ne me sens pas de lui dire non. Alors va pour la Vodka…19h00, Victor envoie Akron faire « les courses » et qq. minutes plus tard, nous nous mettons à table autour de qq. bouteilles accompagnées de tomates/concombres. Bon, je vous fais l’histoire courte (car les souvenirs sont un peu troubles….) : nous avons tout de même enfilé 1 litre de Vodka à trois. Vers 21h30, Victor me propose de poursuivre la soirée par une partie de billard (il y avait vraiment beaucoup de boules sur la table !!!) J’appelle Claire pour l’informer que je serai légèrement en retard…En fait, j’arrive vers 23h00 chez les Chartres…au moment où tout le monde part…
Le lendemain, pas vraiment frais, nous passons la majeure partie de la journée à mettre en place le tendeur. Au départ, j’avoue que je n’y crois pas vraiment mais au fur et à mesure du montage, l’espoir revient. Vers 19h, je mets le contact, le moteur démarre, j’enclenche la marche arrière et ….ça roule !!! Nous sautons tous de joie, Victor le premier. Notre excitation est immédiatement atténuée par le voyant lumineux de la batterie qui reste anormalement allumé au tableau de bord. Je presse Victor pour solutionner le pb rapidement car ce soir, les Duch sont invités chez le 1er secrétaire de l’Ambassade de France, s’il vous plait. Décidemment, moi qui ai toujours détesté être en retard….L’alternateur est immédiatement démonté. Les charbons montrent qq. signes d’usure. Victor se déclare incompétent dans la matière mais pas de problème, je file en ville avec Akron pour les faire remplacer chez un spécialiste (c’est aussi cela aussi le miracle asiatique)
21h : l’alternateur est réparé et remonté. Je redémarre le moteur. Le voyant est toujours allumé….Je n’ai toujours pas contacté Claire depuis ce matin 8h. Il est temps d’arrêter les frais et nous convenons avec Victor de reprendre les travaux demain à 8h. Dommage, je voulais tant faire la surprise à Claire et aux enfants en arrivant avec Obelix…Je suis extenué par cette journée à rebondissements mais je dois maintenant traverser Tachkent en taxi pour retrouver la petite famille chez les XXXXX, qui visiblement ne me tiennent pas trop rigueur pour mon retard. Merci.
Samedi matin, Victor et moi tournons dans Tachkent pendant 2 heures à la recherche d’un électricien. Une denrée rare ici d’après Victor. Enfin, vers 11h, un grand sec à la gueule pas très éclairée se pointe au garage. Le diagnostic est rapidement établi : un simple câble déconnecté. Obelix est enfin prêt à reprendre du service !! Alléluia !!
Un rapide décrassage extérieur à la station de lavage locale et me voila chez les Chartres vers 14h pour cueillir toute la famille. Nous piquons tous une dernière tête dans la piscine et nous voila partis vers 17h pour Samarkand. J’ai l’impression d’un nouveau départ de voyage !!
Suite aux nombreux échanges de mail avec les Bodineau avec qui nous avons prévu de traverser le Turkménistan (pays semble-t-il pas très facile sur le plan des tracasseries administratives et policières), notre programme a du être fortement réaménagé. La période de validité du visa iranien expirant le 25 juin, il nous faut sortir au plus tard d’Ouzbékistan le 21 juin et traverser en 3 jours le Turkménistan. Des 12/13 jours prévus pour tranquillement découvrir Samarkand et Boukhara (les 2 villes mythiques qui nous font rêver Claire et moi, depuis tant d’années), il ne nous en reste maintenant que 4. Nous décidons donc de consacrer le maximum de temps sur Boukhara. Too bad pour Samarkand que nous devrons visiter en moins d’un jour.
Sur les 5 heures de route qui nous séparent de Samarkand, nous n’en parcourons que 3 le samedi. Heureusement, Obelix marche bien. Pas un seul « clac » dans la transmission. Le soir, nous dormons tous comme des bienheureux.
Le lendemain, afin de pouvoir profiter au maximum des merveilles de cette ville, nous levons le camp à 6 heures du matin. Mais à qq km de Samarkand, au passage d’un nième barrage de policier, c’est de nouveau la stupeur et la consternation : un « clac » se fait de nouveau entendre. Là, le moral en prend un sacré coup….Des centaines de questions nous martèlent la tête. Arriverons nous un jour à rejoindre Breugny tous ensemble, famille et machine ?
La visite de Samarkand, bien qu’exceptionnelle, a maintenant un autre goût. Nous avons clairement l’esprit concentré sur nos problèmes mécaniques et non plus sur les splendeurs de cette ville. Le voyage est passé soudainement d’un « périple à la découverte des paysages et visages d’Asie central » à un raid dont le quasi seul objectif est de ramener le camion à la maison.
En fin d’après midi, sur la route de Boukhara, Obelix claque encore 2 ou 3 fois. Chaque démarrage, chaque accélération est une véritable torture psychologique pour nous tous: claquera ou claquera pas ? Le stress est terrible à supporter, surtout pour Claire et les enfants qui ne conduisent pas. A Boukhara, nous retrouvons les Bodineau avec un moral dans les talons. Heureusement, l’optimisme de Benoît nous redonne qq force. Pendant leur long séjour à Boukhara, ils en ont profité pour faire qq. travaux de maintenance et connaissent donc déjà qq. meca que nous pourrons aller voir des demain matin. Il ne faut pas traîner, nous disposons de 72h maximum pour réaliser les travaux.
Lundi matin, nous partons Benoît et moi à la recherche d’un garagiste compétent. Comme pour chaque intervention sur Obelix, l’identification d’un bon mécanicien reste la principale difficulté. Les bricolos, pas de pb, il y en a à chaque coin de rue. Mais le bon mécanicien, qui sent bien les choses, qui dispose d’un minimum de matériel et qui, cerise sur le gâteau, parle anglais, celui-là ne coure pas les rues…
Benoît a en fait déjà réalisé cette recherche sur Boukhara pour changer, 4 jours plus tôt, son pont arrière et nous nous dirigeons donc directement chez Sacha. La boite est démontée dans un temps record (je commence à avoir l’habitude). Le verdict est clair : le tendeur ne tend pas assez. Un bricolage maison fera l’affaire. La chaleur est accablante. Un vent sec et brûlant vient sécher la transpiration sur la peau…
Vers 15h, la boite est remontée, la transmission raccordée. Obelix peut reprendre du service. Nous retrouvons les familles, rassurées.
Le soir même, Benoît doit prendre le train pour Tachkent pour aller chercher les visas Turkmènes. Nous lui confions également nos passeports. Sympa car cela me permet de gagner une 2eme journée pour visiter tout de même cette fabuleuse ville de Boukhara.
Dés le milieu de la matinée, la température est si élevée (nous enregistrons 61°C au soleil ; 45°C à l’ombre mais avec heureusement 6% d’humidité) que nous décidons le lendemain de nous lever dés 5h30 du matin pour aller nous laisser perdre dans la vieille ville. La lumière est également nettement plus belle qu’en pleine journée.
A part qq. groupes de touristes en voyage organisés (principalement français d’ailleurs) il n’y a pas foule ici. Nous sommes même un peu déçus pas le coté « sans vie » de tous ces monuments.
De retour de notre ballade, nous avons la surprise de retrouver les Descubes, une autre famille française que nous avions déjà croisée en Iran et dans le sud de l’Inde. N’ayant pas réussi à conclure dans des délais raisonnables avec une agence pour passer en Chine, ils viennent de traverser en express l’Afghanistan en 2 jours depuis le Pakistan.
Déjà, les 2 jours précédents, 2 fourgons hollandais s’étaient garés à coté de nous. Le petit parking ombragé en plein centre de Boukhara commence à prendre des airs de haut lieu de rassemblement pour overlanders…
Jeudi 21, nous reprenons la route toujours avec les Bodineau avec pour objectifs de passer la frontière Turkmène. Depuis plusieurs mois, nous entendons ou lisons de nombreuses histoires sur cette frontière, toutes plus extravagantes les unes que les autres. Nous allons maintenant pouvoir en juger par nous-meme. Et nous ne sommes pas déçus !!
Le Turkménistan est un pays difficile à visiter. Les visas de transit permettent d’entrer dans ce pays sans être accompagné par une agence officielle. La route définie à l’entrée doit être rigoureusement suivie, sous peine de forte amende. Nous prévoyons de traverser le pays en 4 jours, en sortant par Chovdan, à 44 km de Ashgabat.
Il faut impérativement qu’Obelix tienne le coup car tout pb mécanique risquerait de nous faire dépasser le délai autorisé de 5 jours. Et nous avons entendu parler de qq histoires rocambolesques de voyageurs ayant du y laisser leur véhicule…Bref, ambiance tendue lorsque nous arrivons à la frontière !!
En plus, pour planter le décor, la frontière se situe en plein désert. La température, d’après les locaux, dépasse aujourd’hui les 50°C à l’ombre. Ça tape très fort.
Nous franchissons une première étape des formalités avant la pause déjeuner. Puis le matraquage des taxes divers et variées va commencer. Taxe de passeport, taxe de chauffeur, frais de dossier, assurance, Taxe d’entrée, compensation coût de diesel, désinfection du véhicule,…..soit au total 171$. Une vraie arnaque !! En plus, il faut imaginer que pour chaque taxe, il y a un bureau spécifique, avec ses tampons, son reçu,….L’administration dans toute sa splendeur.
C’est avec la sensation d’avoir été correctement plumés par les services douaniers, que nous franchissons enfin la dernière barrière vers 17h. Mais à peine avons-nous roulé 30mn, que nous arrivons à un nouveau péage. Le pont permettant de traverser l’Amy Daria. A nouveau le matraquage des taxes : 40$ par véhicule + 2$ de frais de dossier (j’aime bien ces 2$, cela fait au moins vivre la personne qui les prélève) Mais, aller savoir pourquoi, il faut se présenter avec une photocopie du document transmis à la douane. Sans la copie, la taxe monte à 80$. Bien sur, moyennant 10$, un taxi est à disposition pour nous emmener au 1er village. Du vrai racket organisé.
Nous ne nous laissons pas faire et allons nous même au village, tenter notre chance pour trouver une photocopie qui marche. Au 2eme essai, nous faisons mouche.
De retour au guichet du péage, nous apprenons que ne pouvant pas payer en monnaie locale, une taxe supplémentaire sera appliquée….Heureusement que Claire et Isabelle sont là pour nous calmer car on lui aurait bien fait une tête au carré à cette garce, derrière son guichet.
L’addition commence à être vraiment salée. Si on compte les visas (186$), les taxes divers d’entrée (171$) et enfin le pont (42$), on arrive à un total de 404$ et pour 4 jours seulement. !!
Le soir, nous trouvons un bivouac idéal le long d’un canal d’irrigation. Apres qq hésitations à piquer une tête dans une eau de qualité inconnue, nous plongeons de bon cœur. Les enfants qui ont été adorables pendant toute cette longue journée, se défoulent enfin. Et les parents se détendent enfin de cette journée un peu stressante.
Le lendemain, toujours pour éviter les heures de grosses chaleurs, nous reprenons la route des 5h15. Lors de la pause petit déjeuner, je réalise que le radiateur, toujours un peu fuyard, est maintenant percé à plusieurs endroits. Il faut impérativement que le circuit de refroidissement fonctionne sinon, par cette température, le moteur va claquer. Avec Benoît (toujours très créatif dans ces moments), nous confectionnons un système d’alimentation en eau en continu par l’extérieur. A l’aide d’un tuyau raccordant le réservoir d’eau à une bouteille d’eau dont on a découpé le fond et que nous fixons, goulot en bas, au dos du rétroviseur, Claire va pouvoir alimenter en eau le radiateur de l’extérieur et tout en roulant. Un litre toutes les 15mn !! Apres la roue Duchateau (une fameuse roue increvable brevetée par mon arrière grand père), voilà le réservoir à eau Duchateau !! (vous remarquerez que nous restons toujours dans le domaine de l’eau….)
Vers 11h, alors que nous traversons la ville de Mary, Benoît aperçoit le commissariat central. Une idée géniale vient de lui traverser l’esprit. A la frontière, nous ne nous sommes posés aucune question sur le poste frontière de sortie : Chovden nous est venu automatiquement à l’esprit. Or, les nombreux chauffeurs de poids lourds rencontrés à la frontière nous ont expliqué qu’ils venaient tous de Sahats, un poste frontière située beaucoup plus au sud, près de Machhad en Iran ou nous devons nous rendre. Ce poste présente également l’avantage d’éviter la zone montagneuse située entre Chovden et Machhad. Avec une boite de transfert capricieux, ce point est crucial pour nous.
Ni une, ni deux, nous tentons notre chance pour demander une modification de notre parcours pré-établi à l’entrée du Turkménistan. Nos chances de réussites sont extrêmement faibles mais qui ne tente rien, n’a rien…Le commissaire, très sympa (comme la plupart des Turkmènes que nous rencontrons) nous guide à travers la ville jusqu’aux services de l’immigration. A priori, pas de pb, sauf qu’il est 12h30 et qu’il faut attendre 14h pour la réouverture des bureaux et la réponse définitive.
A 15h30, n’en revenant pas encore, nous recouperons notre formulaire de route modifié et tamponné. Alléluia !! Dés demain, nous devrions être en Iran, avec le couperet un peu plus haut au dessus de nos têtes : notre visa touristique de 30 jours nous laisse un peu plus de flexibilité en cas de nouvelle panne mecanique.
Par contre, du coté des Bodineau, le passage de la frontière iranienne va être plus délicat. Leur carnet de passage est expiré depuis avril dernier. Avant de payer une taxe spéciale pour les entrées sans carnet de passage, Benoît veut tenter le coup comme si de rien n’était. D’autre part, leur visa de transit leur impose de payer une autre taxe sur le diesel.
Décidemment, il y a toujours du suspens dans l’air…
Le lendemain matin, décollage à 6h30 pour arriver à l’ouverture de la frontière à 8h. Un vent à décorner les bœufs soulève une poussière qui s’engouffre dans les moindres recoins du camion.
Le passage des 2 frontières se passa bien. Les retrouvailles avec l’Iran nous font chaud au cœur. La différence avec les autres pays est immédiatement perceptible :des locaux modernes, des toilettes presque propres, les procédures administratives informatisées,…nous sommes dans un autre monde.
Petite anecdote, tout de même : un long et fin serpent (du genre qui doit faire bien mal…) vient perturber la tranquillité de la salle d’attente. Panique générale dans les bureaux et bonne frayeur chez les Duch/Bodineau.
Pour les Bodineau, c’est leur jour de chance. Les douaniers ne noteront ni l’expiration du carnet de passage, ni le visa de transit pour la taxe sur le diesel (ils ont du faire l’amalgame avec nos visas de tourisme)
Nous filons vers Machhad, situé à 180km de la frontière. Que c’est bon également de retrouver des routes dignes de ce nom… Mais dans les faubourgs de cette ville de plus de 2 million d’habitants, la galère commencée au sortir du Kirghizistan nous rattrape : la boite de transfert se met à nouveau à claquer. Ce va et vient entre ces moments ou tout semble possible et ces moments ou tout semble impossible est véritablement épuisant pour les nerfs. Heureusement que Benoît et Isabelle sont à nos cotés pour nous aider à analyser le plus lucidement la situation et définir les actions à entreprendre.
Le soir, nous bivouaquons le long d’un parc en centre ville, le cœur gros et le moral dans les talons.
La question que nous nous posons est de savoir si nous prenons le risque de pousser jusqu’à Téhéran (960 km à travers le désert) où Eric, de Renault Trucks, peut nous aider à réparer Obelix.
Dimanche matin, j’appelle Eric à Téhéran. Il me recommande de contacter un garage sur Machhad qui réalise la maintenance des camions Renault et Volvo. Le chef d’atelier, Hassan Lotfi, parle parfaitement anglais et m’envoie sur le champ un de ses gars pour me guider à travers Machhad vers le garage. Lorsque nous y arrivons en fin de matinée, il doit bien y avoir une vingtaine de camions sur le grille. Ce genre de garage me fait un peu peur : les meccanos sont peut être compétents pour remplacer à l’identique des pièces défectueuses. Mais pas forcement pour bricoler (dans le bon sens du terme) un modèle de camion inconnu en Iran.
Mais je n’ai pas le choix et Hassan me semble sensible à notre cas. Tellement sensible, qu’après avoir constaté que les réparations prendront certainement plusieurs jours, il nous propose de loger chez lui (décidemment, ce périple va se terminer en visite des aparts des meccanos chez qui nous faisons réparer Obelix !!)
Apres avoir ouvert la boite de transfert, rien d’évident ne nous saute aux yeux. Il nous reste encore 6000 km à parcourir et je ne peux plus me permettre une nième tentative avec cette boite. Exit donc la boite de transfert et en avant pour confectionner avec les moyens du bord une transmission directe depuis la boite de vitesse jusqu’au différentiel sur le pont arrière. Benoît pousse depuis plusieurs jours pour cette option. Victor, à Tachkent, n’en voulait pas pour des questions de mauvais équilibrage pouvant provoquer des vibrations dommageables au moteur. Eric, non plus n’est pas très favorable à cette option….Mais là, je n’ai pas le choix…
De retour dans le centre ville, nous déposons Claire et les enfants qui partent avec les Bodineau visiter le mausolée de l’Imam Reza, lieu de pèlerinage très important pour les Chiites. Je dis au revoir au Bodineau qui doivent continuer leur route vers la Turquie. Leur visa de transit ne leur laisse que 7 jours pour traverser l’Iran. Voilà près de 2 mois que nous voyageons avec eux, avec qq petites coupures en Chine, au Kirghizistan et en Ouzbékistan qui nous ont à chaque fois fait réaliser combien nous les apprécions. Merci d’avoir croisé notre route !!
De retour au garage, mon 1er souci est d’essayer de faire réaliser un schéma du montage que Hassan et ses sbires ont en tête. Ou tout du moins des differents schémas car je sens bien qu’ils n’ont pas tous le même avis. D’où l’intérêt du schéma, histoire de pouvoir mettre tout le monde d’accord avant de se lancer dans les travaux. Mais j’ai beau insister, rien à faire ! On ne doit pas être formaté pareil !! Je me méfie en particulier du « gearbox manager », un gros lard tout mou qui ment comme il respire. Je finis donc par dessiner moi-meme le montage que j’ai en tête et par tattonements, j’arrive à en savoir un peu plus sur leur schéma. Le pb, c’est que cela ne les dérange en rien de confirmer la présence par exemple d’un cardan sur le croquis alors qu’ils n’ont aucune intention d’en poser un !!
Le soir, je rentre en voiture avec Hassan. Je suis rincé par le stress de la journée mais je dois entretenir la conversation pendant l’heure de route qui nous sépare de sa maison.
Hassan est un homme extrêmement serviable et généreux. Il a cependant qq idées bien arrêtées qui me laissent un peu perplexe….
J’apprends ainsi que le principal pb des femmes en Iran est qu’elles sont toutes adorables pendant la période des fiançailles mais qu’après le mariage, elles deviennent extrêmement possessives et surtout « dominantes ». Non, je n’ai pas observé de règle si marquée en France et je ne peux me plaindre pour mon cas personnel, d’une telle attitude de la part de ma chère et tendre.
Concernant le 11 septembre, je n’avais pas bien réalisé également que les 2 avions qui se sont abattus sur les Twin Towers, étaient en fait des avions militaires. La preuve : il n’y avait pas de hublots sur les flancs des avions et l’un d’eux a même exploser qq secondes avant de se cracher sur la tour, histoire de garantir la destruction de cette même tour…
Il y a des vérités qui ont encore de beaux jours devant elles….
Le lendemain, je passe ma journée à peaufiner mon petit croquis au fur et à mesure de mes questions et de nos discussions. Plus on avance, plus je sens qu’ils ne maîtrisent pas le sujet. Bien sur, à chaque fois, la réponse est la même : « don’t worry, Vincent, we are professionals. Everything will be fine »
A 13h, le radiateur revient de chez le soudeur. Il y a un problème : le gars, au lieu de simplement ressouder les fuites, a pris l’initiative de lui-meme de changer entièrement le faisceau central. Et bien sur, il y en a pour 200$ !! Là, je pique mon coup de gueule en les envoyant petre. Pour ne pas perdre la face devant cette situation de blocage, Hassan parlemente avec le soudeur et revient en m’informant que le nouveau radiateur sera gratuit. J’apprendrai par la suite que le coût sera en fait facturé sur les prochains travaux à venir !! Mais ça, c’est leur pb !!
18h02, fin de la journée. Le responsable du remontage du radiateur rassemble ses outils….on finira demain !! Quant à la nouvelle transmission dont la fabrication a été confiée à un artisan extérieur….toujours pas de nouvelle. Une des anciennes transmissions a été condamnée pour construire la nouvelle, plus longue. Je crains surtout pour l’équilibrage de cette pièce.
Mardin matin, la nouvelle transmission avec son palier intermédiaire est prête. Le montage des différentes pièces est réalisé en à peine 2 heures et vers 11h30, nous pouvons entamer la série d’essais sur route. Au point mort, en roulant, une forte vibration se fait entendre. Le « gearbox manager » est catégorique : c’est le différentiel qui râle. Allons bon, pourquoi donc cette pièce qui n’avait jamais fait de bruit, viendrait elle à causer ? De retour au garage, nous consultons les 2 sages de l’atelier. Ces hommes, d’un age assez avancé, depuis deux jours m’intriguent. Ils ont des gueules de vieil aclolo, sont les seuls à refuser de porter des bleus de travail et passent leurs journées à flâner au milieu des moteurs éventrés à donner 2/3 conseils. Pour Obelix, leur verdict est simple : les broches des cardans aux extremités de la transmission arrière ont été incorrectement montées. Et de fait, lors des nouveaux essais, la vibration a totalement disparue. Et l’autre avec son différentiel, je te l’ai cassé menu !!!
Obelix est prêt. Nous filons chez Hassan chercher Claire et les enfants. Avant de quitter Machhad, nous redéposons Hassan au garage. Les adieux sont touchants. Hassan m’embrasse comme un frère.
Nous souhaitons rouler jusqu’à la nuit tombante, histoire d’avoir une chance d’arriver demain soir à Téhéran. Plus de 900 km nous séparent de la capitale mais si nous nous levons tôt demain matin, le coup est jouable. Nous sommes en fait assez excités à l’idée de retrouver nos amis que nous avions rencontrés lors de notre premier passage en octobre dernier.
Vers 20h, à environ 250 km de Machhad, nous quittons l’autoroute pour trouver un bivouac pour la nuit. Mais après avoir immobilisé Obelix, nous constatons avec effroi que le berceau du moteur vient de céder pour la 3eme fois. Malgré mes recommandations, la transmission n’a pas du être correctement équilibrée et les vibrations ont eu raison du berceau. Nous sommes littéralement assommés par ce dernier coup dur. Il n’y a plus ni pleur, ni cri,…c’est tout simplement l’accablement. Quand aurons enfin terminé cette série incroyable d’incidents mécaniques qui nous pollue notre voyage depuis maintenant près d’un mois ?? Nous nous couchons, le moral au plus bas, sans même savoir comment demain nous allons nous y prendre pour sortir Obelix de ce trou.
Le lendemain, après une nuit pas vraiment sereine, je ramène Obelix à vitesse très réduite sur le bord de l’autoroute, histoire d’être plus visible des éventuelles personnes qui viendraient nous porter secours. La décision est prise de transporter Obelix sur une plateforme jusqu’à Téhéran. Je ne veux plus entendre parler ni de Machhad, ni encore moins de Sabzavar, la petite ville située à 14 km de la où nous nous sommes arrêtés. Je recontacte à nouveau Eric, de Renault Trucks. Il fait envoyer 3 gars de chez le concessionnaire Renault/Volvo de Sabzavar. Ils affirment pouvoir réparer Obelix sur place mais leur atelier que je visite, ne me dit vraiment rien. Ce sera donc Téhéran ou rien.
Je pars alors sillonner la ville à la recherche d’une plateforme qui puisse accueillir un véhicule de la taille d’Obelix. Autant chercher midi à 14, d’autant plus que personne ne parle anglais dans ce bled paumé. J’aurais du prendre des cours chez le mime Marceau, cela aurait été plus efficace que pratiquer la langue de Shakespeare. Grâce à notre téléphone satellitaire, je contacte également pour la 1ere fois de notre voyage, Mondiale Assistance. Peut être ont-ils un correspondant sur la région possédant de tels équipements. On me dit qu’on me tiendra au courant…La chaleur est accablante. Il doit faire 45 à 50°C à l’ombre. Je pense à Claire et aux enfants qui doivent cuire en plein soleil…
Un papy veut voir le camion pour, j’imagine, savoir s’il peut rentrer dans le sien. J’ai bien peur de perdre mon temps avec lui mais va pour la visite. Une fois de retour sur Sabzevar, mon papy m’amene chez un transporteur. Il y a là une plateforme pour engin de chantier qui conviendrait parfaitement. J’appelle immédiatement l’assurance mais celle-ci rechigne à utiliser les services d’un transporteur extérieur à son réseau. Par contre, le correspondant local de l’assurance nous retrouve qq minutes plus tard. Au moins, j’ai la sensation d’être un peu moins seul dans ma quête pour une plateforme…Toujours sans aucun mot d’anglais, je comprends qu’il faut retourner voir Obelix….
Un gros camion benne nous y attend. A ma grande surprise, j’apprends du gars de l’assurance qu’il a l’intention de faire monter Obelix dedans pour l’amener à Téhéran. Et comment le faire grimper là-haut ? Rien de plus simple : à 100m de là où nous sommes garés, il y a un petit pont permettant l’écoulement des eaux pluviales en dessous de l’autoroute. Il suffit de caler le camion benne en contre bas, cul contre le pont et de faire grimper Obelix (après avoir pris soin tout de même d’arrêter la circulation sur l’autoroute !) Le pb est qu’il y a tout de même un différentiel de 40 à 50 cm entre le niveau de la benne et celui de la chaussée de l’autoroute. Si cela ne représente aucun pb pour les iraniens, pour nous, c’en est un de taille !! J’ai un moteur qui repose sur le pont avant. Je ne vais tout de même pas lui faire sauter une marche de 50 cm !!
Ca gueule, ça s’énerve mais je ne cède pas. Le chauffeur en a marre d’attendre et s’en va avec son camion.
Vu la tournure des événements, il est décidé de rapatrier Claire et les enfants sur Téhéran par taxi. Au moins, ils seront mieux chez nos amis, les Fred et Fred qu’à rôtir au bord de l’autoroute. Mais le taxi met tellement de temps à venir que lorsqu’il se pointe enfin vers 17h, nous le renvoyons en lui donnant un nouveau RDV pour le lendemain matin à 7h. Claire n’a aucune envie de rouler de nuit. La circulation est déjà assez folklo comme ça de jour.
Vers 18h, le patron de la société de transport associée à Mondiale Assistance (via leur correspondant local Iran Assistance) vient inspecter Obelix. Dés le début, ce type ne m’inspire absolument pas confiance. Il affirme connaître un autre pont près de Sabzavar ou le camion benne arrivera juste à niveau avec celui de la chaussée. Mais surtout, il sait où trouver une vraie plateforme à Sabzavar. Parfait, allons donc vérifier tout cela sur place !!
Une fois au pont, impossible d’avoir un camion benne pour faire un test grandeur nature. Même si je suis d’accord que le niveau de la chaussée est plus bas, j’insiste pour voir également la plateforme promise. En vain !! En effet, je viens de réaliser que si j’opte pour le camion benne, il va y avoir un pb de hauteur globale. La benne est à 1,5m et Obelix fait 3,6m, ce qui nous fait une hauteur totale de 5,1m. A tous les coups, on va se prendre un pont sur la route qui fera moins de 5m !!
Je transmets mes craintes au patron transporteur qui visiblement n’en a que faire. T’es têtu, moi aussi !! Apres 2 heures de négociation au téléphone avec le responsable de Iran Assistance, j’arrive enfin à obtenir un camion avec une remorque (hauteur 1,2m). Ce n’est pas aussi bien qu’une plateforme, mais c’est mieux que rien.
Nous convenons donc de remorquer Obelix le lendemain jusqu’au fameux pont à Sabzavar pour le faire ensuite grimper sur la remorque. Le RDV est pris pour demain matin 8h.
Je rentre rincer au camion. Il est 22h30. J’aimerais aller dormir mais Claire a sympathisé avec un couple qui tient une petite buvette à coté de là où nous avons garé Obelix. Ils sont tellement adorables que nous ne pouvons refuser le thé qu’ils nous offrent. Petits moments de bonheur au milieu de toute cette galère…
Jeudi matin 7h, le taxi est à l’heure. Je laisse partir Claire et les enfants, soulagé pour eux mais un peu anxieux sur mon sort à venir. Huit heures, le camion remorqueur est à l’heure lui aussi. Par contre personne au pont. Je pressens qu’un grain de sable doit gripper le programme mis en place la veille. Finalement, vers 9h30, le camion amene la remorque en contre bas du pont. Obelix rentre tout juste ne largeur mais dépasse fortement en hauteur. Je sens le chauffeur très anxieux sur cette histoire de dépassement de hauteur. Ensuite, nous nous rendons aux bureaux du transporteur et là comme des négociations interminables avec l’assurance sur le prix du transfert sur Téhéran. Je vous fais l’histoire courte, nous ne partirons que vers 13h30 !!
Installé dans la cabine avec le chauffeur et son copilote, je n’attends même pas de sortir des faubourgs de Sabzavar pour m’écrouler de sommeil sur la couchette arrière.
A l’approche de Téhéran, la hauteur des ponts sous lesquels nous passons se réduit sensiblement. De 5 m, nous passons à 4,8 m, puis 4,5 m…Nous franchissons chaque pont à vitesse réduite en serrant les fesses…Soudain, un nouveau pont avec un panneau indiquant 4,2 m !! Là, ça m’étonnerait qu’on passe. Le copilote grimpe au dessus du camion. Doucement, tout doucement, nous franchissons le pont. En redescendant, le copilote me fait signe qu’il y avait à peine la largeur d’une main au dessus d’Obelix…Merci aux bureaux d’études iraniens d’avoir pris un peu de marge de sécurité dans vos calculs !!
Eric, de Renault Trucks (encore et toujours lui !) m’a mis en contact avec Mehdi, un collègue iranien qui doit nous accueillir au garage Renault Trucks de Téhéran. Je tiens d’ailleurs ici à souligner tout particulièrement la gentillesse avec laquelle Eric nous a soutenu durant ces dernières heures. Nous « tombons » en plein départ en congés (il prend l’avion ce soir) et malgré les derniers bouclages de dossiers et une mission de France à piloter, il trouve encore le temps pour nous aider dans nos galères. Merci, merci mile fois !!
Vers 23h30, nous faisons la « jonction » sur le bord de l’autoroute dans la banlieue de Téhéran, avec le représentant de Iran Assistance. Mais le gars roule tellement vite et tellement loin devant, qu’on arrivera tout de même à se perdre.
C’est finalement vers minuit que nous atteignons l’atelier de Renault Trucks. Une plateforme spéciale est déjà sur place pour faire descendre Obelix de la remorque. Ca passe vraiment vraiment tout juste et je me paye qq frayeurs lorsque la plateforme avec Obelix dessus et moi au volant, bascule vers l’avant pour que je puisse enfin doucement toucher terre.
Deux heures du matin, nous venons de traverser Téhéran (ce qui n’est pas une mince affaire dans cette mégapole de 15 millions d’habitants) et Mehdi me dépose enfin chez les Fred et Fred. Ooooouuuuuuuuf !! Voilà une bonne chose de faite. Mais reste maintenant à remettre sur pied notre pauvre Obelix et à le ramener à Breugny.
Mais, ça sera pour un prochain message. Très prochainement, c’est promis !!
A bientôt.